Le sexisme, on ne sait pas toujours quand ça commence, mais on sait comment ça se termine.
Les stéréotypes de genre sont à l'origine des inégalités, des discriminations, des violences, des situations d'emprise et de domination. Le sexisme n'est jamais banal ni ordinaire. Il faut le combattre.
En 2023, les femmes restent inégalement traitées par rapport aux hommes et victimes d'actes et propos sexistes dans des proportions importantes. De fait, le nombre et la gravité de ces actes augmentent, dans l'espace public, professionnel, privé, numérique…
Les biais et les stéréotypes de genre, les clichés sexistes et les situations de sexisme quotidien continuent d'être banalisés. Ces actes restent partiellement acceptés par une grande partie de la population, qui ne rejette pas le sexisme en pratique, notamment les hommes.
Cette culture a des conséquences tangibles en termes de violence symbolique, physique, sexuelle, économique pour les femmes. Du sexisme quotidien, dit « ordinaire », jusqu'à ses manifestations les plus violentes, il existe un continuum des violences, qu'il faut combattre.
Une fiction signée
Carole Fives est romancière. Son dernier ouvrage, «Quelque chose à te dire», est paru chez Gallimard à la rentrée littéraire 2023 et a été sélectionné sur la liste du prix Goncourt.
Après des études de philosophie, Carole Fives a fait les Beaux-arts et enseigné les arts plastiques dans l'académie de Lille. Elle a publié son premier roman, «Que nos vies aient l'air d'un film parfait», il y a une dizaine d'années. Depuis, elle s'est installée à Lyon, où elle vit, et publie régulièrement des romans, principalement aux éditions Gallimard. «Tenir jusqu'à l'aube», paru en 2018, décrivait le déclassement social d'une mère célibataire. Son dernier ouvrage, «Quelque chose à te dire», est paru à la rentrée littéraire 2023.
Portrait de Carole Fives
Autrice de la fiction « On sait comment ça termine », dans le cadre de la campagne contre le sexisme 2023 du HCE.
Il n'y a pas d'un côté la violence sociale, politique et d'un autre, la violence conjugale, qui serait privée, intime. Toute violence est politique et commence par les plus petits gestes, les plus petites remarques. C'est un des rôles de la littérature, et pas des moindres, que d'analyser cette violence quotidienne, la comprendre et la déconstruire.
Carole Fives
Ecrivaine et autrice de la fiction "On sait comment ça se termine"
Ces deux derniers mois, j'ai assisté à deux scènes de violence dans l'espace public, mettant à chaque fois en scène un jeune homme agressant une jeune femme. La première scène avait lieu dans le métro à Lyon, un samedi soir. Un homme insultait sa compagne tout en tapant contre la vitre du métro. Une étudiante s'est levée pour s'interposer, et s'est faite insulter à son tour. Puis un jeune homme, puis toutes les personnes présentes dans la rame sont intervenues. La jeune femme agressée gardait les yeux baissés, le jeune homme était de plus en plus vindicatif. La seconde scène, il y a seulement quelques jours, dans une rue parisienne, un homme frappait violemment
une femme sur le visage. Encore une fois, un homme est intervenu et a essayé de calmer l'agresseur en discutant avec lui, la jeune femme a ainsi pu s'éloigner et se mettre à l'abri. Qu'en est-il lorsque ces scènes ont lieu dans des lieux privés, des appartements, des maisons... Les femmes sont-elles plus à l'abri dans la rue qu'à leur domicile ? Il n'y a pas d'un côté la violence sociale, politique et d'un autre, la violence conjugale, qui serait privée, intime. Toute violence est politique et commence par les plus petits gestes, les plus petites remarques. C'est un des rôles de la littérature, et pas des moindres, que d'analyser cette violence quotidienne, la comprendre et la déconstruire.
Chiffres clés
93 %
des Français·es considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas traité·e·s de la même manière dans au moins une des sphères de la société
80 %
des femmes ont déjà été personnellement moins bien traitées en raison de leur sexe (37 % des hommes)
90 %
des Françaises ont déjà renoncé à des actions ou modifié leurs comportements pour ne pas être victimes de sexisme
37 %
des Françaises ont déjà vécu une situation de non-consentement
Nos 10 recommandations pour un plan d'urgence de lutte contre le sexisme.
Face au constat préoccupant d'une société encore marquée par une culture sexiste et ses manifestations, notamment chez les jeunes adultes masculins, il faut une réponse globale. Au regard des conséquences massives, violentes, parfois létales, pour les femmes, le HCE propose un plan d'urgence massif, qui s'attaque à la fois aux mentalités et à leurs effets délétères, et qui propose des pistes d'amélioration pour des pouvoirs publics plus performants.
01
Augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour former plus et en plus grand nombre les magistrat.es au sein des juridictions chargées de traiter les violences intrafamiliales, à l'instar de l'investissement espagnol
02
Instaurer une obligation de résultats pour l'application de la loi sur l'éducation à la sexualité et à la vie affective dans un délai de trois ans, et prévoir une sanction financière en cas de non-respect de cette obligation dans ce délai
03
Réguler les contenus numériques pour lutter contre les stéréotypes, représentations dégradantes, et traitements inégaux ou violents des femmes, en particulier les contenus pornographiques en ligne
04
Rendre obligatoires les formations contre le sexisme par les employeurs
05
Généraliser l'égaconditionnalité (qui conditionne l'argent public à une contrepartie en terme d'égalité) et la budgétisation sensible au genre
06
Créer une Haute Autorité indépendante pour lutter contre les violences sexistes en politique
07
Conditionner les aides publiques à la presse écrite à des engagements en matière d'égalité
08
Rendre obligatoire un système d'évaluation et une publication annuelle sur la part de représentation des femmes dans les manuels scolaires, informant voire conditionnant leur mise sur le marché, sur le modèle belge
09
Interdire la publicité pour les jouets genrés sur le modèle espagnol
10
Institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme le 25 janvier
Si vous êtes témoin ou victime de violences, il existe des structures que vous pouvez contacter.
- Numéros d’urgence, d’écoute, et plateforme de signalement : Numéro d'urgence
- Associations de lutte contre les violences sexistes et sexuelles : Associations